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Souvenirs d’interculturalité : première mission en Chine.

Le 9/9/99 je prenais l’avion à Paris pour la Chine.

Tous mes amis qui pensaient au bug de l’an 2000 me disaient de ne surtout pas prendre l’avion à cette date-là, que les ordinateurs risquaient de tomber en panne. À la vérité je n’étais que moyennement rassuré mais le rendez-vous avait été pris depuis six mois par le contact sur place à l’université de Xiamen.
Xiamen est une ville portuaire de la côte sud-est de la Chine séparée de Taïwan par un détroit.
J’avais fait escale à Hong Kong et comme j’avais quelques heures devant moi j’avais pris le train qui fait la navette entre l’aéroport et la ville. Première surprise : il pleuvait d’un côté de train et il faisait soleil de l’autre. Surprise de touriste.
Il y avait une fête à Hong Kong et j’ai croisé beaucoup de dragons en carton. La chaleur était étouffante et la climatisation des magasins gelée. Tout le monde parlait anglais et la communication avec la population était aisée.
Je retourne à l’aéroport et prend l’avion pour Xiamen. Quelques heures de vol à peine.
Premiers pas en Chine : l’aéroport est tout petit, notre Boeing se gare sous un immeuble d’habitation, les gens sur les balcons regardent les passagers débarquer de l’avion. Je tente de lire les panneaux et je me retrouve comme un écolier avant le cours préparatoire.
Lecture impossible. Alors je fais comme tout le monde et je suis la file des voyageurs. Nous traversons à pied le tarmac pour nous retrouver dans l’aéroport. Surprise : une mappemonde géante d’environ 5 m sur 10 est affichée dans le hall d’entrée. Sur cette mappemonde, la Chine est au milieu et la France à l’autre bout à gauche. Minuscule. Comme un idiot je n’avais jamais réfléchi qu’on pouvait représenter le globe autrement qu’avec la France au milieu Europe et Afrique occupant le centre de la planisphère. Je passe sans encombre la douane, dans un pays qui n’était pas encore habitué à recevoir des étrangers.
Surprise après le passage de la douane : une délégation est ici avec cameraman, journaliste, etc. on me pose des questions sur le voyage et on m’accompagne à l’université avec laquelle je suis censé signé une convention permettant l’accueil d’étudiants chinois en France. J’arrive dans une salle de réunion : deuxième surprise il y a une quarantaine de personnes présentes.
Je suis moi-même accompagné du contact sur place, qui est français et d’un interprète.
À 40 contre trois, il me semble que la négociation va être difficile. Le français m’explique que nous sommes trois et ils sont nombreux mais les Chinois sont toujours très nombreux et en fait il n’y en a que 4 ou 5 d’importants, dont au moins une personne qui représente le parti, que je ne verrai pas car elle restera très discrète, et qui est peut-être la plus importante pour la réussite de notre affaire.
La réunion se passe bien et à la fin de la réunion devant les caméras nous signons le contrat. L’interprète me ramène à l’hôtel en me donnant rendez-vous pour le lendemain matin. Quand je rentre dans ma chambre, je remarque le garde assis devant une table qui lui sert de bureau en face de l’ascenseur et qui note les heures d’arrivée de chaque client de l’hôtel sur un grand cahier.
Je n’ai rien à faire de la soirée et Xiamen est touristique, je décide de visiter Gulangyu, à quelques encablures de Xiamen qui est une île sans voitures avec des plages et des rues sinueuses bordées d’anciennes villas coloniales.
En repassant par le hall de l’hôtel, je prends une carte de visite de l’hôtel pour être en mesure de revenir simplement en montrant la carte au chauffeur de taxi. Habitude que j’ai conservée depuis et qui peut être utile quand on est perdu dans une ville et qu’on ne sait quelle adresse donner aux taxis. Je sors de l’hôtel et m’avance vers le premier taxi, je montre au chauffeur le dépliant touristique de l’île où je veux aller, le chauffeur sort de la voiture pour m’ouvrir la porte arrière quand un des gardes de l’hôtel s’avance en courant, parle un chinois bien sûr au chauffeur, qui referme la porte et je vois un autre taxi arriver qui va m’amener au lieu où je veux me promener et me fais comprendre qu’il m’attend là où il me dépose face à l’embarcadère des ferries.
J’ai apprécié la visite touristique qui s’est très bien passé, je suis retourné sans encombre à l’hôtel, le cerbère face de l’ascenseur a noté mon heure d’arrivée dans ma chambre. Avec le décalage horaire, j’ai plus consacré la nuit à la lecture qu’au repos.
Le lendemain, j’ai été surpris de nous retrouver devant les personnes avec qui nous avions signé le contrat la veille. Ils ont commencé à discuter de toutes les clauses du contrat. J’ai exprimé ma surprise à mon interprète et c’est alors que mon contact sur place m’a appris une habitude chinoise : on signe le contrat, ça veut dire qu’on est d’accord pour aller plus loin, et ensuite on négocie.
C’était ma première mission en Asie. Depuis, j’ai compris qu’il fallait se renseigner sur les habitudes culturelles d’un pays avant d’aller sur place !
Jacques Vialat
Président de l’Ordre Mondial des Experts Internationaux
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