Les mots sont-ils autre chose que des symboles que nous utilisons pour donner une image des choses qui caractérisent notre personne ou notre environnement ?
Lorsqu’on en arrive à méditer la pensée de Witold Gombrowicz, qui exprime l’idée selon laquelle ce n’est pas nous qui disons les mots mais ce sont les mots qui nous disent, il devient imprudent de rechercher son bonheur dans l’inverse d’un supposé malheur.
Dans le même ordre d’idées, le célèbre penseur Jiddu Krishnamurti nous invite à ne pas laisser les mots penser à notre place, si nous souhaitons découvrir qu’une chose est tout naturellement ce qui la caractérise et que son inverse, tel que nous l’imaginons, ne peut en aucune manière, expliquer ou même influencer ce caractère.
Car si la chose est indépendante, dans son caractère, pourquoi sa manifestation serait-elle liée à son supposé contraire ?
Cette interrogation fait la lumière sur les déterminants des conflits qui prennent naissance dans nos pensées individuelles avant d’infecter la conscience humaine et de se traduire par des actes conflictuels.
Marquons une pause pour observer ce qui se passe lorsque nous décidons de changer l’une de nos habitudes handicapantes :
- Tout va bien tant que nous ne luttons pas contre cette habitude (+)
- Tout se passe bien tant que nous observons cette habitude pour comprendre le processus par lequel elle se manifeste (+)
- Tout va très bien tant que le diagnostic de cette habitude aboutit à la création d’une nouvelle habitude constructive (++)
- Mais tout va de travers dès lors que nous nous engageons dans une lutte pour nous défaire de la vieille habitude, qui elle aussi lutte pour demeurer dans notre subconscient (-)
- Et tout va mal quand nous utilisons la force pour combattre cette habitude dans notre mental (–)
Selon Charles Darwin, « Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes, ni les plus intelligentes mais celles qui s’adaptent le mieux… ».
Cette citation est révélatrice du lien étroit qui existe entre le développement physique de l’être humain, la croissance de son esprit et l’évolution de son environnement. L’adaptation aux nouvelles réalités de notre environnement interne ou externe, se traduit ainsi donc par la création de nouveaux modes de vie. Il n’en est pas de même de la force qui crée et nourrit le conflit en cherchant à repousser ou à combattre son opposé, ni de l’intelligence qui dans la manipulation de son opposé, finit par créer un redoutable adversaire.
S’il est admis que le subconscient formalise les habitudes au bout de 21 jours de pratique, il n’en demeure pas moins vrai qu’après 21 siècles, les nouvelles croyances ne peuvent éclore que par l’adoption d’un état d’esprit nouveau qui est disposé à mettre en pratique le principe de l’adaptation créative.
Les mots jouent un rôle prépondérant dans le théâtre de notre imagination et peuvent aussi bien être notre allié que notre ennemi.
Loin de la logique et du raisonnement, notre imagination sait retrouver la nature première des mots qui incarnent la Paix et sa manifestation indépendante.
En ce sens, la Paix est une fleur parfumée et agréable au toucher. Mais la lutte pour la Paix est une fleur sans charme et épineuse que brandit chacune des parties en conflit.
Seule l’imagination créative peut vivre la Paix dans toutes ses dimensions, indépendamment d’un besoin de lutte et la rendre durable à l’image du rêve de développement durable dont la concrétisation reste tributaire de l’unification des revendications divergentes de justice sociale.
Si à l’image et non à l’inverse de la haine et de la rancœur, la Paix pouvait se révéler dans le cœur l’homme, se répandre, telle une épidémie, dans sa maison et dans sa nation, se transmettre de génération en génération, le pari du 16ème Objectif de Développement Durable serait gagné bien avant les 16 autres et le monde connaitra une nouvelle école de la Paix.
B.A.A.D