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Le rôle de l’intelligence artificielle dans la géopolitique mondiale – Pierre Louis COULON

L’impact de l’intelligence artificielle sur nos sociétés

Il est indéniable qu’à l’heure actuelle, l’intelligence artificielle est l’une des nouvelles technologies qui aura le plus d’impact sur le développement de nos sociétés. Effectivement, ce domaine représente déjà 500 trillions de dollars et près de la moitié des entreprises d’Occident utilisent déjà des intelligences artificielles. Les États ne sont pas en reste : les États-Unis ont déjà investi mille milliards de dollars dans le secteur. Cependant, ils ne sont pas les seuls acteurs du secteur, on y retrouve notamment la Chine, qui ne cache pas son désir de devenir le leader mondial du secteur, ou encore la Russie avec un discours prononcé en 2017 par le président Vladimir Poutine : « Celui qui contrôlera l’IA contrôlera le XXIᵉ siècle. » Cependant, on observe une pluralité des acteurs dans tous les pays du monde.

Ces éléments, qui rentrent parfois en contradiction, nous posent la question suivante : quel rôle l’intelligence artificielle a et aura sur la géopolitique mondiale ? Pour y répondre, on va diviser notre raisonnement en trois parties : on verra d’abord comment fonctionne une IA et les différentes tâches qui peuvent leur être assignées, leur rôle dans la politique et les conflits de certains pays, et finalement, on verra les limitations que va subir le secteur.

Fonctionnement et rôle de l’intelligence artificielle


On peut se demander quel est l’intérêt de l’IA dans l’économie, car on ne pense qu’à de la génération de texte comme Gemini ou Chat GPT. Et cela ne semble pas bien utile ; cela s’explique par une méprise sur le terme d’IA. En effet, une intelligence artificielle, c’est juste un programme simulant la conscience d’un humain, en somme un outil capable de reproduire une tâche humaine. Cet aspect de simulation est très
important pour une IA, même si elle arrive à produire un résultat qui semble humain. L’exemple le plus parlant selon moi est la génération d’image : si je vous demande de dessiner un cheval, tous ici vont me dessiner un corps avec quatre pattes et une tête avec une crinière.

On est capable de faire des liens entre chaque élément pour que cela ressemble à un cheval, qu’on a vu peut-être une fois à la ferme ou à la télévision. En revanche, une IA, elle, va observer des millions d’images de chevaux et va observer des zones où il y a plus de pixels ou plus de contraste. Elle ne fera pas le lien entre ces éléments, elle observera juste qu’ils vont ensemble. On voit bien que certes le résultat est le même, mais le mécanisme derrière est différent. C’est notamment ce genre de différence qui évitera à l’humain de se faire totalement remplacer par les intelligences artificielles. Cependant, elles peuvent déjà assister l’homme dans son travail, car déjà 30 % des services clients sont opérés par des IA, car elles sont parfaites pour répondre à des questions nécessitant juste des connaissances. On estime même qu’à l’heure actuelle, 90 % des cadres de grandes entreprises utilisent déjà l’IA de façon quotidienne, que ce soit pour corriger des courriels ou s’occuper de la comptabilité. Cette vague d’IA ne se limite pas aux métiers du service, car les armées de plusieurs pays sont déjà en relation avec des acteurs du secteur afin d’intégrer ces systèmes dans des sous-marins, notamment afin de traiter avec précision des donnes acoustiques, ou dans la surveillance de zones par des drones sans pilote capables de traiter des flux vidéo et de
cartographier des zones. Mais le développement de cette nouvelle technologie semble peu utile pour les civils. Cependant, on remarque notamment en Europe un développement des intelligences artificielles médicales. Effectivement, l’OMS perçoit le développement des IA comme un bienfait pour l’accès à la médecine de toute la population mondiale. Ces médecins de nouvelle génération pourraient traiter des
analyses et des auscultations aussi vite que des médecins, ce qui pourrait aider les habitants de déserts médicaux. On la retrouve même dans des domaines surprenants comme le BTP, avec, en Chine, un tronçon de 157 km d’autoroute qui a été réalisé à l’aide de 10 engins de chantier contrôlés par une IA et grâce à des vues satellites.


On a vu la place qu’a et qu’aura l’intelligence artificielle dans les sociétés et, selon ma perspective, les intelligences artificielles sont plus qu’une révolution, comme ont pu l’être la découverte du feu ou de l’électricité, c’est la première fois qu’une invention peut remplacer la pensée de l’homme. Sans rentrer dans des débats philosophiques, on peut affirmer que cette avancée aura un impact sur notre vision de l’homme et de nos sociétés.

L’IA comme enjeu politique et géopolitique

Maintenant que nous avons pris pleine mesure du futur rôle de l’IA dans nos sociétés, voyons comment cette innovation est intégrée dans la politique de différents pays. On observe deux modèles dans le monde qui deviendront certainement des cas d’école dans le futur : la Chine et les États-Unis. Outre Atlantique, on aborde le sujet avec beaucoup d’attention ; effectivement, la Maison Blanche organise au moins 3 réunions par semaine pour suivre l’avancée de l’IA dans le monde. En comparaison, seuls les secteurs majeurs comme le budget ont plus de réunions, c’est pour dire l’importance accordée à ce domaine d’un point de vue économique et politique. Effectivement, les États-Unis ont une avance technologique certaine, avec par exemple l’entreprise Open AI qui a créé Chat GPT et d’autres IA génératives. Mais dans la Silicon Valley, où se concentre une grande partie des grands acteurs de la tech américaine, on ne retrouve pas que des
entreprises de création d’IA, mais aussi des entreprises d’électronique, comme NVIDIA, leader du domaine qui a observé une croissance en bourse impressionnante en 2023, valorisé à plus de 3 trillions de dollars. Ce sont presque les mêmes chiffres pour Microsoft et Apple.

Effectivement, les plus grosses limites de l’IA ont été pendant les 40 dernières années : d’abord le manque de puissance de calcul, défini notamment par la loi de Moore qui nous dit que, tous les 18 mois, le nombre de transistors qui définissent le nombre d’opérations possibles, en très simplifié, se voit doubler (même s’il semble que ce phénomène ne sera pas infini, avec notamment la notion de Wall qui stoppera l’évolution qui sera quand on se réduira à l’échelle de l’atome) ; Ensuite, l’autre facteur qui limitait l’évolution de l’IA était le manque de données accessibles. Comme nous l’avons vu précédemment avec l’exemple du
cheval, il faut à l’IA des millions de données. Ce problème a trouvé une solution avec la démocratisation d’internet et de l’ère de la Big Data.

Cela pose des problèmes sur le choix de ces sources. Si on prend que des articles de journaux et des
encyclopédies, les informations seront plus justes, mais moins nombreuses, alors que si nos données proviennent des réseaux sociaux, elles seront plus nombreuses, mais peu fiables. Précédemment, nous avons le conflit entre les États-Unis et la Chine sur le domaine, avec la Maison-Blanche qui interdit aux entreprises de la tech américaines tout contact avec le PCC (Parti communiste chinois) et les géants de la
tech chinois comme Tencent ou Huawei. La Chine utilisant notamment l’IA pour de la surveillance de masse en collectant des quantités absurdes de données, l’URSS faisait la même chose mais manquait de personnel pour interpréter toutes ces informations. C’est là que l’IA vient aider le gouvernement chinois.

Cependant, l’opposition idéologique des deux superpuissances n’a pas empêché Microsoft d’aider la Chine dans l’instauration de son système de crédit social, avec notamment le fichage de la population par la reconnaissance faciale. Cette collaboration cristallise l’ambiguïté de cette rivalité où les deux nations s’opposent tout en restant dépendantes l’une de l’autre.


En observant la rivalité sino-américaine, on voit bien que l’IA est déjà un enjeu majeur à toutes les échelles. Cependant, l’histoire de l’IA est très morcelée, avec des avancées suivies de périodes de stagnation, que l’on appelle « hiver ». On a déjà vécu deux hivers : un dans les années 60, dû à des limitations informatiques, puis un dans les années 80, avec, comme on l’a vu, un manque de données et de puissance de calcul. Finalement, on peut se demander si cette nouvelle ruée dans le domaine ne se conclura pas par un autre hiver. Si c’est le cas, cherchons quelle cause peut limiter son développement, ou alors si cette fois les changements sont durables. Effectivement, actuellement, il ne semble plus avoir de limites au développement de cette technologie.

Cette affirmation est correcte. Les seules limites sont économiques, avec la nécessité de meilleurs ordinateurs et en plus grand nombre au fur et à mesure que l’IA deviendra plus puissante, voire intelligente. Cependant, il existe bien une limite, et cette limite, qui, espérons le, ne sera pas outrepassée, est la morale. C’est cet élément qui freinera toujours l’IA. Et c’est même déjà le cas de Google, ou plutôt d’Alphabet, qui est la maison mère de Google, qui commence à se placer dans le milieu des assurances, laissant à des IA l’analyse de données, et ce parfois sans validation humaine.

Et ce sera le cas dans beaucoup de domaines : si une armée laisse le choix à un drone contrôlé par une IA de décider de frapper ou non une cible en cas d’erreur, qui sera responsable ? Le drone, l’entreprise qui l’a
créé, l’armée ?


C’est sur ce débat qui doit être décidé par la justice de chaque pays que finit cette présentation. J’espère vous avoir intéressé dans ce domaine clé de la politique mondiale et de notre vie dans les prochaines années. Néanmoins, il ne faut pas aborder l’IA avec de la peur, mais plutôt la voir comme un outil qu’il faut réguler et adapter à tous. Comme dans le domaine médical, où cette nouvelle technologie a sauvé et sauvera des milliers de vies.


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Courriel : pierrelouiscoulon1@gmail.com

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