Résumé
Cet article décrit brièvement comment les méthodes et les outils de l’intelligence économique peuvent être utilisés dans l’Expertise Internationale pour étayer les besoins des experts et maintenir leurs connaissances à jour lorsque de nouvelles technologies font leur entrée et lorsque de nouvelles applications apparaissent. Des exemples seront donnés dans les domaines scientifiques et techniques à l’aide de bases de données spécifiques à ces domaines.
1 Introduction
L’Intelligence Economique (Veille Stratégique) permet de maintenir ses connaissances à jour, aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers [1, 2]. L’intelligence économique a de nombreuses définitions mais la plupart d’entre elles traitent de l’utilisation d’informations adéquates pour faciliter le développement d’une connaissance exploitable. Le cycle de veille concurrentielle décrit les étapes nécessaires à l’analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces (SWOT), éléments essentiels à maîtriser pour le meilleur développement des entreprises ou des individus.
Figure 1 – Cycle de l’Intelligence Economique
Le point clé est la collecte des informations nécessaires et leur traitement afin de pouvoir intégrer les avancées et les orientations utiles au développement des activités de l’entreprise ou d’un particulier. Ensuite, il est donc essentiel de connaître les sources d’information et de rechercher et de récupérer les informations appropriées.
2 Adaptation du cycle de l’intelligence économique pour les experts internationaux
Si l’intelligence économique est généralement utilisée dans les grandes, moyennes et petites entreprises, elle est également utile pour les particuliers et en entre autre pour les experts. Les sciences liées à l »’expertise sont un vaste domaine et un expert devrait avoir à la fois une vision large de son domaine et une connaissance pointue de certaines parties. L’intelligence concurrentielle sera un outil utile dans ces deux directions.
Pour adapter le cycle du renseignement à l’expert, il lui sera nécessaire de déterminer le ou les facteurs critiques de succès du FCS [3], qu’il est nécessaire de maintenir pour qu’il soit toujours précis dans son domaine de compétences. Le FCS sont les domaines qui font la qualité de l’expert, pour ses analyses et leur conclusion. Ceci lorsque ces facteurs critiques seront bien établis et que la recherche de l’information adéquate sera optimale. Mais souvent, en raison de l’évolution rapide du développement des technologies, de nouvelles orientations dans le domaine de la connaissance de l’expert peuvent apparaître. La méthode et les outils de veille stratégique permettront, grâce à une étude constante de la littérature scientifique et technique, de déterminer l’évolution des connaissances de base des experts. Cela sera intéressant dans les deux sens: être capable de maintenir sa position dans l’entreprise, mais également d’étendre son domaine d’expertise à de nouvelles opportunités.
3 – Chercher la bonne information
Aujourd’hui, la plupart des informations sont disponibles presque librement. C’est un grand avantage pour ceux qui sont au courant de pouvoir utiliser les différentes bases de données disponibles librement ou à très faible coût. Internet est bien entendu le vecteur nécessaire à la recherche d’informations et à la création de liens vers les différentes sources disponibles. Il existe de nombreuses sources d’informations disponibles et nous ferons un bref survol des bases de données, ce qui peut s’avérer très utile dans le domaine des sciences liées à l’expertise. [4]
Nous pouvons diviser les sources de différentes manières:
- Des bases de données scientifiques utiles lors de nouvelles orientations ou lorsque nous recherchons des experts scientifiques dans un domaine donné, par exemple des données de Google Scholar, des bases de données de thèses, etc.
- Base de données de normes, par exemple en France la base de données AFNOR, normes américaines, etc.
- Des bases de données techniques, la plupart des bases de données sur les brevets, telles que la base de données mondiale sur les brevets de l’OEB, les bases de données américaines, des bases de données européennes, etc. Ces bases de données constituent une encyclopédie vivante des sciences et des techniques et conduisent aux noms des entreprises clés, des personnes impliquées, des technologies, des applications, etc…
- Blogs d’experts. Très souvent, des groupes d’experts ou des personnes engagées dans une seule technologie développent des blogs qui posent diverses questions en fonction de divers problèmes.
- Les journaux, la plupart des journaux proposent une partie de leurs articles sur Internet, c’est aussi une source d’information. Dans ce domaine, il est nécessaire de faire la différence entre les journaux techniques ou spécialisés et les journaux généraux.
- bases de données spécialisées. Ces bases de données sont pour la plupart d’entre elles (sauf la base très connue medline) payantes la majorité du temps. Des exemples sont, par exemple, Weldasearch (soudage), Chemical Abstracts (chimie), Paperchem (papier), etc.) La connaissance du contenu de ces bases de données est importante et peut être effectuée à l’aide de catalogues en ligne.
- Informations générales provenant d’Internet.
L’expert n’aura pas besoin d’accéder en permanence à toutes ces bases de données, mais il est judicieux de garder trace de leur adresse Internet sur votre ordinateur pour pouvoir y accéder instantanément lorsque cela est nécessaire. Cela permet de gagner du temps et d’éviter des recherches fastidieuses sur l’URL de la base de données.
Un autre problème, quand un expert traite d’un sujet est le problème des langues. Il est évident que les informations disponibles ne sont pas dans une langue unique. Pour résoudre ce problème, des outils tels que les dictionnaires en ligne permettent d’effectuer des requêtes dans différentes langues et de traduire si nécessaire les résultats. Dans la base de données sur les brevets, l’anglais est globalement suffisant et l’accès aux différents domaines techniques peut être effectué via l’IPC (International Patent Classification).
4 – Accès rapide aux informations générales
Lorsque vous traitez avec un sujet, ancien ou nouveau, il est recommandé d’utiliser divers moteurs de recherche pour regrouper les informations disponibles (search engines) [4]. La plupart de ces outils sont gratuits et fournissent rapidement des informations utiles. Par exemple, si vous rencontrez un problème de «soudage sous pression», vous pouvez utiliser un moteur de recherche pour obtenir en quelques secondes quelques informations pratiques sur le sujet:
Dans cette représentation, le terme «soudage sous pression» est utilisé comme terme de recherche et les résultats sont présentés sous forme de groupes (présentation par bulles). En cliquant sur l’un des clusters, ici Friction Slow Titanium, les différents sites Web traitant de cette question apparaissent à droite, fournissant des informations utiles telles que:
Features of friction welding; Mechanism of formation of a welded joint in solid phase; Basic information from the friction theory; Heat liberation during friction welding; Basic parameters and recommended regimes in friction weldingprocess;…
http://www.dtic.mil/docs/citations/AD0755753
Un clic sur le titre du site l’ouvrira. Notez également que le terme soudage des métaux par friction est également utilisé, ce qui peut être utile pour effectuer une nouvelle recherche avec ces mots. Quitter le site vous fera revenir sur le cluster.
Figure 2 – Exemple de cluster réalisé à partir du Web avec “pressure welding”
5 – Accès au texte intégral et aux aides à la lecture
L’un des problèmes est d’accéder au texte intégral de l’information. Cela peut être fait en utilisant diverses propriétés d’Internet telles que la sélection du type de document, la sélection dans Google Scholar des informations donnant accès au pdf du document, etc. Dans les bases de données sur les brevets, le texte complet du brevet (dans sa langue d’origine) est facile à récupérer, mais il se présente sous la forme d’une image pdf et, pour être traduit, il doit être traiter par OCR doit pouvoir être traduit par « couper coller » via un dictionnaire électronique.
Une fois que le texte intégral de l’information est disponible et récupéré, le problème est de lire. Très souvent, le nombre de documents et de pages à lire est très important. Il est donc judicieux de commencer à parcourir les documents avec un système spécial qui crée automatiquement différents formats d’abrégés. Cela permet de choisir rapidement les documents les plus pertinents et d’éviter une perte de temps importante.
6 – Exemples
Quels sont les domaines d’application des différentes machines de soudage?
Base de données utilisée: base de données mondiale sur les brevets – Analyse et récupération avec le logiciel Patent Pulse.
Les résultats sont disponibles dans la figure 3. Dans cette figure, on le nombre de familles concernées par domaines d’application.
Figure 3 – Les différents domaines d’application des systèmes de soudure
Autre exemple : comment obtenir les différentes normes de soudage?
Base de données utilisée AFNOR, requête Internet de soudage AFNOR
Les résultats sont indiqués dans le tableau 4. Des associations autres que l’AFNOR peuvent également être consultées si nécessaire. Notez qu’une brève description de la norme est donnée. Ensuite, il est nécessaire de consulter la norme en texte intégral. Il est possible d’acheter les standards mais cela coûte relativement cher ou de trouver une place libre, par exemple des syndicats professionnels, des bibliothèques spécialisées, etc.
Figure 4 – Quelques normes relatives au soudage
7 – Conclusion
L’intelligence économique, par l’utilisation systématique des bonnes informations, est un outil unique pour rester au courant de l’évolution et des tendances des nouvelles (technologies et applications) dans le monde. Étant donné que la plupart des informations sont disponibles sur Internet, cette méthode convient parfaitement aux personnes qui souhaitent conserver un niveau élevé de compétences. Le seul point est d’être précis quant aux sources d’information et de pouvoir récupérer et gérer les informations et de les analyser [5]. Une auto-évaluation du type d’information nécessaire pour se tenir au courant dans un ou plusieurs domaines se fera par le biais d’une analyse SWOT appliquée aux domaines de connaissances et d’activités de l’expert.
8- Bibliographie
[1] Dou H., Juillet A., Clerc P., L’Intelligence Economique du Futur, tomes 1 et 2, ISTE Editions, 2018
[2] Helm B., How to use competitive intelligence to get an advantage, https://www.inc.com/magazine/20110401/how-to-use-competitive-intelligence-to-gain-an-advantage.html
[3] Dou Henri, Manullang Sri Damayanty, Dou Jean-Marie Jr , Competitive Intelligence and Regional Development – A Focus on Developing Countries [Format Kindle] 2013 https://www.amazon.fr/Comp%C3%A9titive-Intelligence-D%C3%A9veloppement-r%C3%A9gional-r%C3%A9flexions-ebook/dp/B00AWFHUTW/ref=asap_bc?ie=UTF8
[4] Dou H., Information, Bits and Tips for Competitive Intelligence, Amazon, format Kindle, 2017, https://www.amazon.fr/Information-Bits-Tips-Competitive-Intelligence/dp/1545122768
[5] Dou H, Veille Technologique et Compétitivité. 20 and de veille commenté par l’auteur. Amùaeon, Kindle edition, https://www.amazon.fr/Veille-Technologique-Comp%C3%A9titivit%C3%A9-1994-2014-technologique-ebook/dp/B00ZWWJKGQ/ref=asap_bc?ie=UTF8
Joël Denimal, Henri Dou